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8 décembre 2020 2 08 /12 /décembre /2020 20:41

Privé de dédicaces depuis mi-octobre à cause du mégalovirus, je chômedu du stylo et je rêve que j'écris...

 

Ayant envie de relire le journal de Samuel Pepys, je retrouve à l'intérieur une dédicace inconnue à l'intention d'Alain Cuny, lors de son passage au Grand Théâtre à Limoges le 13 octobre 1989. Je me renseigne via Wikipédia sur la carrière théâtrale de ce comédien que je connais vaguement et je tombe sur cette anecdote : En 1974, Alain Cuny tient le rôle de Mario, théoricien de l'amour libre, dans le film « Emmanuelle » où il cite à foison Gaston Bachelard. Il déclarera par la suite : « J'ai joué dans « Emmanuelle » pour me débarrasser de l'estime des gens que je n'estimais pas. » Ma relecture commence bien...

 

En période de confinement, cet extrait de « La zone du dehors » d'Alain Damasio me paraît à la fois pertinent et hélas d'une réalité psychiatrique pour beaucoup d'entre nous : « A minuit, la télévision s'éteignit enfin. Je continuais cependant à la regarder, en proie à une invincible torpeur. Et ce que je vis alors, reflété par le verre grisâtre de l'écran, ne fit que l'épaissir : simplement moi, assis qui me regardais. J'eus graduellement l'impression que cet homme assis dans la télé m'observait, qu'il entrouvrait ma peau avec ses yeux gris et qu'il y contemplait quelque chose de la lente lutte en moi... Un chien... Il était revenu... Il avait mordu le tigre aux griffes de silence... lui avait transmis sa rage... l'avait rendu malade comme un chien... »

 

Dans la correspondance de Stendhal, dans une lettre à sa sœur Pauline datée du lundi 23 décembre 1805 (il y a donc maintenant 215 ans et il avait 22 ans), il écrit ceci : « Porter un jugement n'est jamais que remarquer une circonstance dans une idée. »

 

Le plus grand photographe que je connaisse est chilien et il s'appelle Sergio Larrain. Dans la monographie magnifique des éditions Xavier Barral, ces mots du photographe : « Je veux que les photos que je fais soient une expérience immédiate et non une mastication. J'ai compris que la photographie, comme toute expression artistique, on doit la chercher au fond de soi. La photo parfaite est une sorte de miracle, qui apparaît dans un éclat de lumière-sujet, formes et état d'âme parfait - , on presse le bouton presque par hasard et le miracle se produit. (1960)

 

Il est où, le chemin des porteurs de combustibles neufs ?

(phrase écrite avec l'aide d'André Thirion, moi le début jusqu'à la virgule et lui le reste)

 

J'ai la chance de ne jamais gagner à la loterie nationale.

 

Et pour finir cette année 2020, une pensée de la mère de mon ami chanteur Arno :

« N'essaie pas d'être quelqu'un d'autre, le plus facile est d'être soi-même. »

 

Jean Lenturlu

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3 novembre 2020 2 03 /11 /novembre /2020 16:58

A La Chaise-Dieu début octobre, dans la librairie « Dans la forêt » une dame qui me dit : Je ne vous achète pas de livre, j'en ai déjà un !»

 

Je verrai bien sur les façades des monuments républicains cette sentence de Babeuf qu'il a publié dans « la Tribune du Peuple » le 21 décembre 1795 : Les fruits de la terre sont à tous et la terre à personne.

 

Cette anecdote pêchée dans le journal des frères Goncourt datée du dimanche 10 février 1884 :

L'auteur du chef-d'oeuvre intitulé « Le mariage de Loti », Monsieur Viaud, en pékin, est un petit monsieur fluet, maigriot, aux yeux profonds, au nez sensuel, à la voix ayant le mourant d'une voix de malade.

Taciturne, comme un homme horriblement timide, il faut lui arracher les paroles. Un moment, il indique, en quelques mots, comme la chose la plus ordinaire, la tombée à la mer d'un matelot par gros temps, et l'absolution, donnée du haut du pont, par l'aumonier, à ce malheureux abandonné sur sa bouée.

Et comme Daudet lui demande, s'il est d'une famille de marins, il répond le plus simplement du monde, de sa petite voix douce : « Oui, j'ai eu un oncle, mangé sur le radeau de la Méduse ».

 

Le château des pauvres contre le taudis des riches.

 

On aime d'amour ceux qu'on ne peut aimer autrement. (Natalie Barney)

 

Ce beau poème de Paul Eluard qui ressemble à Tinou :

 

Tu bâtis une maison

Et ton cœur la mûrit

Comme un lit comme un fruit

Et ton corps s'y réfugie

Et tes rêves s'y prolongent

C'est la maison des jours tendres

Et des baisers dans la nuit.

 

Mon rêve de réussite : vendeur de gel hydroalcoolique.

 

Dorénavant, je ne parlerai qu'aux femmes qui me sourient.

 

A l'adresse de tous les experts qui savent ce qu'il faut faire... cette pensée de Peter Handke :

« Oui, sais-tu donc si peu de choses qu'il te faille toujours parler de ce que tu sais ? »

 

Je rêve de grandes surfaces commerciales à l'abandon... et de petits commerces de proximité qui nous accueillent comme des amis.

 

Pour finir ce mois de nouveau confiné, cette pensée lumineuse de mon ami Francis Picabia (dans Jésus Rastaquouère) :

Vous êtes heureuse ? Figurez-vous qu'il n'y a pas de lendemain, la vie est aujourd'hui et aujourd'hui n'existe pas.

 

Jean Lenturlu

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30 septembre 2020 3 30 /09 /septembre /2020 16:12

Dans le catalogue d'exposition « Le chat s'expose » de Philippe Geluck qui retrace sa vie artistique et ses origines, celui-ci parle de l'humour belge (à ne pas confondre avec les blagues belges) et de la « swanze » bruxelloise : « Elle nous fait d'abord rire de nous-même : une poissonnière écorche des anguilles vivantes sur le marché aux poissons. A un client horrifié qui lui demande si ça ne les fait pas horriblement souffrir, elle répond : « Oh non ! Vous savez, elles ont l'habitude ! ».

 

La Nuit, déesse des ténèbres, fille du Chaos, est de fait la plus ancienne des divinités. Certains poètes en font la fille du Ciel et de la Terre ; Hésiode la met au nombre des Titans, et la nomme la mère des dieux, parce qu'on a toujours cru que la nuit et les ténèbres avaient précédé toutes choses. Elle épousa l'Erèbe, son frère, dont elle eut l'Ether et le Jour. Mais elle avait engendré seule, sans le commerce d'aucune divinité, l'inéluctable et inflexible Destin, la Parque noire, la Mort, le Sommeil, la troupe des Songes, Momus, la Misère, les Hespérides, gardiennes des pommes d'or, les impitoyables Parques, la terrible Némesis, la Fraude, la Concupiscence, la triste Vieillesse et la Discorde opiniâtre ; en un mot, tout ce qu'il y a de fâcheux dans la vie passait pour une production de la Nuit.

Pierre Commelin « Mythologie grecque et romaine »

 

J'aimerais bien que nous nous séparions avant qu'elle me quitte.

 

Quand je lui demande comment ça va, elle me répond : « Ça valse et ça vacille ».

 

Dans une lettre du docteur Destouches (Céline) à Eveline Pollet du 25 octobre 1938 il écrit ceci : « Regardez bien un cimetière. Il contient tous les mots, toutes les passions, tout. A mesure qu'on avance vers le cimetière, il convient de s'alléger de tout ceci, d'y arriver le moins lourd possible de bêtises. C'est l'oeuvre même ! »

 

Boris Vian aurait eu 100 ans cette année et Juliette Gréco vient de mourir à 93 ans ce mercredi 23 septembre, ce qui ne nous rajeunit pas. Dans un article hommage du journal Libération, celui-ci republie un entretien avec la grande dame en noir du 4 novembre 2003 qui parle de sa relation à la scène : « D'abord, j'arrive très tôt au Théâtre. J'ai besoin de renifler partout, de savoir où est ma place, et si j'y suis. Puis, dans ma loge, je range mes affaires. Je place les crayons bien droits, je fabrique un lieu que j'investis. Et je cultive ma terreur. Je l'arrose un peu, en attendant que le temps passe... » (propos recueillis par Ludovic Perrin et Antoine de Baecque)

 

Ce samedi 19 septembre, dans la rue du Port à Clermont-Ferrand, devant la galerie de Sounya Whang, pour les Arts en balade, cette femme qui regarde mes livres et qui me demande : « Vous êtes autodidacte en écriture ? »

 

Découvert le journal posthume « Le grand large du soir » (1997-1998) de Julien Green que je trouve très puissant dans sa densité existentielle avec par exemple cette note du 11 mai 1998 (il meurt le 13 août de la même année) : « La vraie aventure commence avec la mort ».

 

Et pour finir, cette pensée de mon ami Philippe Bosser (dans « Les rêveries de la phrase célibataire ») :

 

Tant qu'il y aura des « auteurs », on en restera à une littérature de petits propriétaires.

 

Jean Lenturlu

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8 septembre 2020 2 08 /09 /septembre /2020 11:17

Il n'y a pas plus tragique que la sincérité.

 

Cette grande, cette fluette femme, à la taille un peu carrée, à la gorge toute menue, est très brune, avec de grands yeux noirs, tout doux, et dont le regard est comme une caresse. Autour d'elle, il y a une petite senteur sauvage, perdue dans un goût d'héliotrope. Aujourd'hui, elle porte une robe rose, et sa longue et gracieuse personne fait un effet charmant dans la verdure foncée des chênes de la forêt, en son marcher lent, en ses accroupissements légers, pour cueillir une fleur...

Et la femme est, pour ainsi dire, toute vêtue de chasteté.

Journal des frères Goncourt (lundi 19 août 1878)

 

Dans « Le promontoire du songe » Victor Hugo écrit : « L'homme qui ne médite pas vit dans l'aveuglement. L'homme qui médite vit dans l'obscurité. Nous n'avons que le choix du noir. »

 

Lui : Pourquoi es-tu malheureuse ?

Elle : Parce que je suis.

 

Le beau titre du journal de bord de Catherine Deneuve : « A l'ombre de moi-même ».

 

Dans une entrevue avec « Le Monde des livres » du journal Le Monde, l'écrivain islandais Jon Kalman Stefansson dit au journaliste :  « Il n'y a pas grand-chose à faire, si ce n'est rester debout. Ceux qui courbent l'échine ne voient pas l'horizon. »

 

J'aimerais un jour écrire un polar qui tue ses lecteurs.

 

Marcher dans la montagne me donne envie de faire l'amour.

 

J'aime savourer l'écriture de David Goodis comme ceci dans « La nuit tombe » : « En dépit de la souffrance, en dépit du vertige et du voile écarlate, en dépit de cette avalanche de rochers fracassés qui s'entrechoquaient, en dépit de cette marée de ténèbres tachetées de rouge et de quelques touches d'un violet livide, en dépit de tout cela se maintenait une zone de paix, de paix de la mémoire ; il fit un effort gigantesque pour l'atteindre. »

 

Par hasard dans un dépôt vente, je trouve le dernier tome du journal de Julien Green « Le grand large du soir », qu'il écrit à la fin de sa longue existence (il a 96 ans). J'aime ces rencontres fortuites qui ouvrent l'horizon de la pensée. Je n'aurai jamais lu volontairement cet auteur et j'y trouve des matières précieuses comme ceci : « Les mots sont pleins de rêves qui attendent ».

 

Sommes-nous plus hypocrites ou plus authentiques sous nos masques ?

 

Pour finir ce mois de rentrée littéraire et scolaire (pléonasme?) cette pensée de mon amie Chris Saulnier tirée de son « Mathématiques appliquées...ou presque » :

« L'humour du second degré n'est pas vraiment perceptible dans les équations de ce type. »

 

Jean Lenturlu

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7 juillet 2020 2 07 /07 /juillet /2020 14:09

Après trois mois de pause confinatoire, retour aux dédicaces devant les librairies avec quelques perles comme à Bourg-en-Bresse où deux dames passent devant ma table de livres et j'entends :

  • Tu lis toi ?

  • Non, je n'arrive pas à me mettre dans un livre.

Peu après, un vieux monsieur, sac à dos, cigarette au bec qui lit quelques aphorismes d'un de mes livres et me demande : « Vous n'en avez pas un plus saignant ? » avec le geste du couteau au niveau de la gorge.

 

Cette question d'Hisham Matar qui sera peut-être la matrice de mon prochain livre et qui m'obsède :

Est-ce possible d'être un homme sans devenir son propre père ?

 

Si un jour, après ma disparition, on célèbre mon œuvre artistique en attribuant mon nom à une rue, j'aimerais que ce soit une impasse.

 

Dans le journal des Goncourt ce vendredi 5 janvier 1872, Edmond G. note ceci :

« jamais un auteur ne s'avoue que, plus sa célébrité grossit, plus son talent compte d'admirateurs incapables de l'apprécier. »

 

Les fichiers ne sont ni bons, ni mauvais. Les fichiers n'ont pas d'état d'âme. Les fichiers n'ont pas d'âme : ils voient tout, mais ils ne savent rien, ils ignorent l'usage que l'on fait d'eux, ils n'entendent pas les cris, ils ne devinent pas les coups. Ils parlent et ils restent muets. Ce sont des instruments loyaux, les fichiers font simplement leur devoir : l'essentiel pour eux est d'être complets, que le nom, l'âge, le sexe, les signes particuliers soient bien bien lisiblement calligraphiés, sans faute d'orthographe ni erreur sur la personne.

Jérôme Prieur « Entre les lignes » dans le livre « Archives de la vie littéraire sous l'occupation »

 

Oh, vous êtes marié, me dit-elle, comme c'est dommage !

 

On ne nous aime pas mais nous nous aimons.

 

Comme Pierre Molinier, il faut que je trouve un petit vampire...

 

Le grand avantage des musées c'est qu'ils servent de camps de rassemblement pour touristes, ainsi certaines rues restent-elles libres pour les solitaires.

Michel Polac « Journal » (29 mai 1980)

 

Est-ce qu'un être profondément solitaire peut vivre en couple ?

 

Mon gong retentit pour enseigner à chacun que l'heure passe, qu'elle n'attend personne, mais passe et s'en va pour jamais.

Rabindranath Tagore « Amal et la lettre du roi »

 

J'aime ressentir cette peur animale de notre corps face à la réalité de notre mort prochaine.

 

S'enfermer dans sa propre vérité devient un mensonge.

 

Et pour finir ce mois de juin déconfiné, une pensée lumineuse de mon ami Armand Robin (Fragments) : La machine humaine doit être utilisée au maximum dans la lutte.

Jean Lenturlu

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4 juin 2020 4 04 /06 /juin /2020 20:35

Sur Amour (2012), j'avais improvisé. J'étais assez content et, après la prise, je le lui dis : "C'est bien, non ?" Lui me répond : "Oui, je comprends que ça vous plaise, c'est peut-être bien pour le personnage mais pas pour le film." J'ai trouvé cette réponse épatante. Un grand réalisateur n'est pas forcément quelqu'un qui dirige, mais quelqu'un qui sait vous mettre en valeur à votre juste place.

Jean-Louis Trintignant parlant du cinéaste Michel Haneke dans Le Journal du Dimanche du 30 septembre 2017

 

Dans le journal des frères Goncourt cette réflexion du vendredi 18 novembre 1870 : « C'est étonnant, comme parfois la vision spirituelle du rêve vous donne le délicat portrait de la physionomie des gens !

 

Un adage de Rémi Gaillard  : « C'est en faisant n'importe quoi qu'on devient n'importe qui. »

 

… Mais quand une femme dit oui, qu'est-ce que c'est ? Oui était écrit autrefois avec un tréma ; cela voulait dire : entendu. J'ai entendu ton désir. Ouï. La seule problématique pensable était : consentante ou non ? Nancy Huston «  Jouer au papa et à l'amant »

 

Le philosophe se lève à l'aube dit Michel Serres.

 

J'ai beaucoup baissé dans mon estime depuis que je sais que je suis moi.

 

Peux-t-on détester un livre qu'on a fait parce qu'il est réussi ? Et l'aimer justement parce qu'il est raté ?

 

Je déménage mais ce n'est pas moi qui bouge.

 

Je relis la correspondance du gros Dominique ainsi que ses écrits intimes comme « Souvenirs d'égotisme » et je trouve dans celui-ci page 45 : «  J'ai oublié de peindre ce salon. Sir Walter Scott et ses imitateurs eussent sagement commencé par là, mais moi, j'abhorre la description matérielle. L'ennui de la faire m'empêche de faire des romans. »

 

Je suis épuisé par ce que je ne fais pas.

 

Tous ces livres par terre, en petits tas, que j'ai aimé un jour, sans avoir forcément eu le temps de les lire, qui attendent de savoir si je les garde ou si je les donne à Emmaüs ou « Aux mains ouvertes », me regardent fixement ou me font des clins d'oeil aguicheurs...

 

Et pour finir ce mois, cette pensée lapidaire de mon amie Natalie Barney (qu'on peut retrouver dans « Pareil à l'éléphant » qui vient de paraître) : « Brûler, puis éclairer. »

 

Jean Lenturlu

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1 mai 2020 5 01 /05 /mai /2020 09:24

Le temps est venu de remettre au goût du jour les bals masqués.

 

"Un monstre me poursuit. Je fuis. Mais c'est lui qui me poursuit pour me demander de l'aide."
Alejandra Pizarnik

 

En 1650, l'archevêque Usher, se fondant sur les généalogies des personnages bibliques, propose pour la création de l'homme la date de 4004 ans avant Jésus-Christ. A partir des mêmes documents, J. Lightfoot précise un peu plus tard que cet événement eut lieu le 23 octobre à 9h du matin !

La date de 4004 avant J.-C. fut consignée dans les marges de la version autorisée de la Bible, et devint aussi sacrée que les Ecritures elles-mêmes.

Michèle Julien dans l'article « Le Paléolithique et le Mésolithique »  (Le grand atlas de l'archéologie)

 

Dans une entrevue avec le journal Libération en avril 2016 re-publié en hommage après l'annonce de sa mort ce 17 avril 2020, le chanteur Christophe disait : « Parce que tant que je serai debout, il peut m’arriver n’importe quoi, je peux voyager partout dans le monde, jouer du piano et chanter dans n’importe quel bar, comme quand j’avais 15 ans et que je chantais à la Vache enragée ou la pizzeria de Juan-les-Pins. Il y a que ma gueule qui a changé et les années en plus. Comment ça s’appelle, quand on a 65 ans ? Non, pas senior. Pas carte vermeil. Pas troisième âge ! Ah oui, la retraite. Encore un mot que je ne connais pas du tout. L’idée, c’est d’être en vie, au quotidien, maître de sa route, sans avoir à attendre les droits d’auteur, sinon t’es dans le formol. »

 

Dans cette éblouissante phrase d'Henri Michaux, il y a tout mon projet littéraire :

« J'écris afin que ce qui était vrai ne soit plus vrai. »

 

Dialogue d'André Breton :

­—Avez-vous des amis ? 

—Aucun, cher ami.

 

Cette réflexion spirituelle attribuée à Agatha Christie dont elle refuse la paternité :

Un archéologue est le meilleur mari possible, car plus vous vieillissez, plus il s'intéresse à vous.

 

Dans son journal, le 24 août 1920, Helen Hessel écrit en parlant d'Henri-Pierre Roché :

« Pierre parle du besoin naturel de mettre sa racine en la femme. Les enfants qui ne sortent pas l'empêche d'être beau. Devient amer. Il parle de son sexe avec un respect infini ou avec confiance et amitié, quelquefois il se fâche de l'indépendance qu'il lui reconnaît humblement. Il constate les mouvements, il obéit quand c'est possible, mais le sexe est aveugle, ne voit pas que ce n'est quelquefois pas possible en pratique. »

 

Se demander toujours : Dans l'intérêt de qui le dirigeant dirige t-il ?

 

Et pour finir ce mois confiné une pensée de mon ami Achille Chavée :

La chaise est toujours assise.

 

Jean Lenturlu

 

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4 avril 2020 6 04 /04 /avril /2020 11:28

Nous sommes tous des masques mais maintenant nous le savons.

 

Je n'aurai jamais pu imaginer que ce mégalovirus arrive à confiner chez eux la moitié des êtres humains de cette planète et qu'il puisse transformer notre quotidien en une mauvaise série de science-fiction.

 

Masques et bergamasques... Le mot, dont l’origine est encore discutée, nous renvoie d’abord à la liesse et aux travestissements du carnaval. Pour nous, et depuis la fin du moyen-âge, se « masquer », c’est avant tout se « cacher », par jeu ou pour se soustraire à la morale. Et, dans ce dernier registre, nous imaginons le noble vénitien se rendant incognito sous son masque blanc tenter fortune au ridotto ou se divertir dans les casini proches de la place Saint-Marc... Ce faisant, nous privilégions exclusivement la fonction dissimulatrice du masque et nous oublions que dans la plupart des sociétés humaines et pendant des millénaires, ces objets si divers que nous regroupons sous le vocable générique de “masques” ont été liés au sacré et le plus souvent à des rituels d’épiphanie.

Christian Rivoire (article Saint-John Perse, Mythes et présences)

 

L'Odyssée dure 41 jours et l'Iliade 10 ans.

 

Dans le journal d'André Maurois (1946), cette phrase de Jean Cocteau : « Victor Hugo était un fou qui se prenait pour Victor Hugo ».

 

Mon nouveau livre « Pareil à l'éléphant » est là devant moi, en chair et en os de papier. Il est beau et terrifiant à la fois. Il est tellement lourd qu'il fait 63 cartons et pèse 767 kg. Depuis son transport devant l'hôtel de Paris jusqu'au grenier, j'ai des courbatures dans les mollets qui ne sont pas littéraires...

 

« Ici jadis et peut-être encore maintenant, des nymphes se promènent la nuit » écrit Egon Bondy dans l'introduction à son texte étrange « La fille qui cherche ».

 

Dans le journal des Goncourt, le 28 août 1865, les propos de monsieur Thierry, le directeur du Théâtre Français :

« Voyez-vous, ici, rien n'est vrai... Ce qu'on dit n'est pas vrai... Le mensonge même n'est pas vrai... Oui, oui, rien n'est vrai. »

 

Tintin, est-ce l'impuissance du fils ? Il s'est pour cela inventer un père ad hoc (adéquat).

 

Et pour finir ce mois de cloîtré, cette pensée de mon ami Manuel Daull que je trouve dans « Nos besoins d'attachement part II » : ce qui est caché à la surface nous démontre toute l'épaisseur de l'apparence.

 

Jean Lenturlu

 

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10 mars 2020 2 10 /03 /mars /2020 09:19

De ces temps obscurs, j'aimerais ouvrir les volets roses de la beauté.

 

Que les enfants sont beaux quand ils dorment.

 

Cette pensée de Paul Eluard qui m'accompagne depuis des lustres : « Il y a un autre monde mais il est dans celui-ci. »

 

Je te désire beaucoup mais pas encore.

 

Dans le journal des frères Goncourt, l'un d'eux écrit ce 16 janvier 1844 : « Je me demandais l'autre jour, avec inquiétude, si j'aurai à recommencer la fatigue de cette vie d'ici bas, dans une autre. La peur m'était venue qu'il n'y eût, pour peupler les siècles, qu'un certain nombre déterminé d'âmes, – comparses défilant et repassant de monde en monde, ainsi que les soldats des armées du Cirque, de coulisse en coulisse. »

 

Dans la revue « Bizarre » n° 27 éditée dans les années 60 par Jean-Jacques Pauvert (dont je lis la passionnante biographie par Chantal Aubry) ce petit poème de Raymond Queneau :

J'embarque

Tu bateau

Il navigue

Nous coulons

Iles désertes

 

Je me suis toujours demandé si les gens qui apprécient mon travail artistique ont mauvais goût.

 

Du poète soufi Jalâl al-Din Rumi : « Par-delà les notions de bien et mal, il y a un champ. C'est là-bas que je te retrouverai. »

 

Dans les lettres à Jean Paulhan, ce mot d'Alexandre Vialatte : (…) « Et c'est sans doute la mort seule qui nous ouvre notre propre porte. »

 

Mon prochain livre va naître le 18 mars (si les dieux de l'imprimerie sont avec nous) et je serai présent à l'imprimerie Chirat avec Claude Ballaré et Adélaïde. Overdose de grammaire et de ponctuation pour ce livre qui m'oblige à parler avec des points virgules et des guillemets, ce qui n'est pas évident à l'oral.

 

Vendredi dernier à la librairie de Paris à Saint-Etienne, rencontré par hasard deux poètes et un philosophe qui ont consciencieusement éviter de lire mes aphorismes de peur d'attraper le mégalovirus.

 

Une pensée de mon ami Louis Scutenaire pour finir ce mois infecté :

Une banalité me convient mieux qu'une originalité à la mode.

 

Jean Lenturlu

 

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2 février 2020 7 02 /02 /février /2020 18:21

Ce samedi à Glaine-Montaigut au salon des vins naturels, cette petite fille qui me déclare : Avant, mon papa offrait des fleurs à ma maman, maintenant il ne lui en offre plus.

 

Le nouveau livre avance et prend des formes qui me plaisent.

 

Depuis qu'il était myope, il avait une vie de flou.

 

Je suis à la lisière de la notoriété.

 

La poésie, c'est une trace de vie, et non la vie en soi. Ce sont des cendres de quelque chose qui brûle bien. Parfois, on se méprend et on essaie de créer des cendres au lieu des flammes. Léonard Cohen

 

Combien de temps perdu depuis qu'il existe ?

 

Dans « Libération » du 24 janvier, reportage sur la manifestation à Paris contre la réforme des retraites et cette phrase d'un manifestant : « Avant, on était maltraités, maintenant, on va être mal-retraités ».

 

Si je meurs un jour, mettre sur ma tombe cette phrase de William MacIlvanney :

« C'est avec ces fragments que j'ai consolidé ma ruine. »

 

 

Cette déclaration de Marcel Duchamp : Je vois la vie en « ose ».

 

Dans le « Monde des livres » du 31 janvier, cet extrait du dernier livre de Mia Couto « Les sables de l'Empereur » :

« Je ne suis pas né pour être une personne. Je suis une race, je suis une tribu, je suis un sexe, je suis tout ce qui m'empêche d'être moi-même. »

 

Norbert qui crie quand on lui propose d'aller dans un camps de nudistes :

Non ! moi je suis un pudiste !

 

Je relis les journaux-registres de Pierre de L'étoile pour me rappeler que l'histoire est cruellement injuste.

 

Et pour finir ce mois de janvier, cette pensée de mon ami Georges Perros :

Les tableaux pensent. Le langage travaille.

 

Jean Lenturlu

 

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