Nous sommes désormais l'avant-garde de la fin du monde.
Reçu aujourd'hui cette curieuse carte de vœux : « Adepte du bondage culturel, je vous souhaite mes meilleurs nœuds créatifs pour cette nouvelle année ».
Aux Volcans, ce jeudi 19 décembre 2019, ce vieux monsieur qui me dit après avoir regardé mes cartes postales aphoristiques : « Les pensées, c'est du voyage lent ».
J'ai appris dans « Le rêve mexicain ou la pensée interrompue » de J.M G. Le Clézio que les Mayas nomment l'or « Takin », ce qui veut dire « l'excrément du soleil ».
Quand je serai fatigué, je m'arrêterai et m'allongerai dans un fossé pour regarder les étoiles.
Rencontré à Vienne à la librairie Lucioles le 21 décembre un membre du collectif « les flous furieux » qui accompagne artistiquement des personnes en souffrance psychologique.
Dans le recueil de journaux inédits posthumes « Il faudra repartir », Nicolas Bouvier écrit pendant son voyage en Indonésie en 1970 : « Petit j'ai longtemps cru qu'oisif était le singulier d'oiseaux. Java me rappelle cette méprise. Les Javanais se tiennent comme des échassiers, toujours le poids sur une jambe. On ne serait pas surpris que leurs genoux soient doublement articulés. Quand ils vous regardent, ils battent des paupières comme des oiseaux de nuit. »
Akutagawa Ryünosuke (1892 – 1927) est ce célèbre écrivain japonais qui se suicida en laissant ces mots : « Vague inquiétude ».
Dans le journal des frères Goncourt, on trouve des remarques misogynes, des saillies antisémites, des banalités et quelques perles comme celle-ci datée du 15 novembre 1859 :
« Dans les troubles de l'art, à la fin des vieux siècles, quand les nobles doctrines sont mourantes, et que l'art se trouve entre une tradition perdue et quelque chose qui va naître, il apparaît des décadents libres, charmants, prodigieux, des aventuriers de la ligne et de la couleur qui risquent tout, et apportant en leurs imaginations, avec une corruption suave, une délicieuse témérité. »
Je suis dans le rhume total et la fatigue extrême depuis la fin de mes dédicaces, comme s'il fallait que j'expie tous ces livres vendus en cadeaux de Noël...
N'oublions pas que les cannibales n'ont pas de cimetière - pensée de mon ami Marcel Mariën - est une bonne entrée pour fêter cette nouvelle année 20 – 20.
Jean Lenturlu